Intervention du Président du département Guadeloupe lors de la rencontre du 27 janvier avec le Président de la République

1 février 2022

Monsieur le Président de la République
Messieurs les Ministres
Mesdames et messieurs élus, en vos grades et qualités
Messieurs les préfets

Monsieur le Président de la République

Comme vous le savez, la Guadeloupe traverse depuis plusieurs mois une crise multiforme, sociale, sanitaire, économique et j’ose le dire politique, d’une particulière acuité.

Au nom des élus guadeloupéens mobilisés pour la sortie de crise, je voudrais vous remercier de votre invitation à ce temps d’échange sur la situation des territoires d’outremer.

Certes, et nous le regrettons, la configuration de cet échange ne nous permettra pas d’aborder en profondeur la situation toute particulière de la Guadeloupe.

A défaut, elle nous permet de vous partager notre vision, notre engagement et surtout les attentes fortes que nous nourrissons pour notre archipel.

Le 17 décembre 2016, lors d’un déplacement en Guadeloupe, vous avez affiché votre volonté de placer votre action sous le tryptique « Entendre, comprendre, construire ».

Monsieur le Président de la République,

Je veux donc vous confirmer que les élus guadeloupéens, dont nous portons la voix avec la Députée Justine BENIN, sont des républicains responsables qui entendent co-construire l’avenir du pays, en concertation avec ses forces vives et en accord avec l’État.

Dans un élan unitaire historique, à la hauteur des enjeux du pays, nous élus guadeloupéens, avons su taire nos différences, et parfois nos divergences, pour travailler en responsabilité, non seulement à la sortie de crise, mais à la satisfaction pérenne des besoins de notre territoire.

Le fruit de ce travail, c’est cette plateforme pour l’avenir de la Guadeloupe, que je remettrai symboliquement au préfet de région à votre attention, et dont l’ambition et la portée des préconisations justifie à nos yeux la tenue d’un Conseil Interministériel de l’outremer placé sous votre présidence.

Cette plateforme pour l’avenir de la Guadeloupe reprend les engagements des élus guadeloupéens et de nos collectivités, région, département, communes.

Ce partenariat renforcé que nous appelons de nos vœux, vous offre donc l’opportunité de donner sa pleine mesure à votre engagement d’entendre, de comprendre et je dirais de co-construire la lisibilité et la cohérence qu’appelle l’avenir de la Guadeloupe.

S’agissant de la situation sanitaire, nous insistons pour que le délai d’application du pass vaccinal en Guadeloupe soit assorti de critères objectifs tels que les taux de vaccination et de contamination, et qu’il fasse l’objet d’une clause de revoyure avant son application effective.

Nous tenons également à ce que les personnels soignants suspendus qui en font la demande bénéficient à titre dérogatoire d’un droit de remord, par la réouverture de l’instance de dialogue, de concertation et d’orientation.

Monsieur le Président de la république,

Sur la question de l’eau, première préoccupation des citoyens et des acteurs publics, la région et le département se sont solidairement engagés à garantir paritairement l’emprunt de 50M€ nécessaire au fonctionnement du Syndicat Unique créé en septembre dernier.

Mais il nous faut aller plus loin dans un partenariat fécond avec l’Etat pour concrétiser l’engagement d’un accompagnement financier à la hauteur des investissements indispensables au territoire, évalués à près de 400M€.

Sur la question de l’emploi, nos collectivités sont notamment engagées aux côtés du tissu associatif à la faveur du dispositif Parcours Emploi Compétences,

Et nous attendons de l’État qu’il s’engage à sanctuariser sa contribution à 95% de la rémunération servie pour des contrats d’une durée de 4 ans, en sorte de donner plus de lisibilité aux employeurs potentiels.

L’amélioration de l’habitat insalubre est un enjeu cardinal qui met en perspective à la fois la qualité de vie de nos compatriotes les plus défavorisés, mais aussi la mobilisation du tissu économique et des artisans.

Sur ce point nous nous engageons, région et département, à mobiliser 17M€ chaque année. Et nous souhaiterions que l’État renforce son engagement au titre du dispositif partenarial financé par la LBU pour véritablement créer un effet levier sur les 5/10 prochaines années.

Oui Monsieur le Président, la Guadeloupe a besoin de lisibilité pour retrouver confiance en l’action publique !

Cela signifie reconsidérer la politique de la ville et ses critères et par exemple, élargir à tout l’archipel les Quartiers Prioritaires de la politique de la Ville,

C’est atteindre les objectifs d’égalité réelle et de rattrapage des équipements structurants en prolongeant le contrat de convergence, France relance et le programme React-EU à la faveur de la présidence française de l’union européenne,

Monsieur le Président de la république,

En termes de santé publique, la Guadeloupe c’est 3 mois d’attente pour un rdv chez un cardiologue, c’est l’ile de la Désirade qui n’a même pas de médecin de ville, c’est 2 à 3 mois d’attente pour une IRM !

C’est une surreprésentation, au premier rang national, des maladies chroniques : hypertension, diabète, Insuffisance rénale,

C’est aussi des incidences anormales de certains cancers, prostate chez l’homme et le sein chez la femme,

Certes, nous saluons la concrétisation de l’engagement de l’État de mobiliser près de 600M€ pour la construction du futur CHU.

Mais la situation particulièrement critique de l’actuel établissement, dont nous saluons l’engagement du Directeur Général Gérard COTELLON, exige la mise en œuvre d’un plan de redressement sur 3 ans.

Il s’agit, vous l’aurez compris, de garantir la transition et les conditions d’exploitation, tout autant que l’équilibre de l’offre de soins en Guadeloupe.

C’est cela Monsieur le Président, la voix de la responsabilité à nos yeux,

C’est vous exposer, ici et maintenant, quelques priorités au regard du temps d’intervention imparti, mais nous donner surtout le temps de travailler les dossiers en profondeur.

La voix de la responsabilité, c’est agir conjointement pour que la parole publique, celle de l’État et des collectivités, ne soit plus décriée !

La voix de la responsabilité, c’est garantir de concert que la légitimité des urnes ne soit plus mise en balance avec celle de la rue.

La voix de la responsabilité, c’est emprunter, d’un pas ferme et assuré, le chemin d’une plus grande domiciliation locale du pouvoir de décision.

C’est ouvrir respectivement aux conseils régional et départemental, la possibilité d’assurer pleinement la gouvernance des politiques de santé publique et d’emploi.

Monsieur le Président de la République, vous l’aurez compris,

Je me fais le porte-parole d’une Guadeloupe verticale et fière, en quête de partenariat non pas pour plus d’État mais pour mieux d’État, dans une République ouverte à la diversité de ses composantes.

Je vous remercie de l’attention et de la suite que vous voudrez bien réserver, à nos côtés, à cette ambition collective.

Share This
M